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  • Lison Ferné nous a déjà proposé deux histoires courtes pour les 64_page, Ice man dans le #3 et Barbe Bleue dans le #8. Le dessin expressif de Lison déroule des ambiances fascinantes à ses  récits sans parole. Lison expose jusqu’au 23 octobre 2016 au Centre Belge de la BD à Bruxelles. 
    Comme tous et toutes les dessinateurs/trices de BD, tu dessinais déjà dans ton berceau? Ou as-tu un parcours plus original? Raconte?

Lison : Oui, j’ai vraiment toujours adoré dessiner, c’est quelque chose de l’ordre d’un plaisir naturel pour moi.
Le dessin me permet de m’amuser, de me détendre mais, aussi, de m’exprimer.
Ce n’est pas vraiment original du coup, mais je voudrais répondre aux gens qui ont souvent dit autour de moi que le talent artistique est innée et ne s’apprend pas: je pense que c’est faux, si on aime faire du dessin, naturellement on progressera en dessin, comme si on aime faire de la musique, de la cuisine etc., on progressera dans ces domaines en s’y entraînant. C’est vraiment le goût pour la chose qui fait le talent de mon point de vue.

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Tu as terminé ton bachelor à l'erg, est-ce que ses études correspondaient à tes attendes? Quelles sont tes découvertes sur le monde des artistes et des créateurs?

Lison : J’ai terminé mon bachelor à l’ERG mais je suis en cours de master :).
Ce que je peux dire sur l’école, c’est qu’elle m’a beaucoup plu, car j’avais besoin  après une école parisienne très cadrée, de plus de libertés. Je pense qu’elle convient mieux aux personnes déjà autonomes, qui sont capables de travailler sans devoir être poussées par des profs pour obtenir une cote. En effet, on est vraiment souvent laissés seuls face à nos projets et il faut savoir se gérer. L’erg est une école ou il faut prendre soi-même des initiatives pour que les choses se passent. J’ai eu de la chance d’avoir de très bons profs d’atelier qui nous faisaient partager leurs « bons plans » (comme celui de 64 page* !) pour nous propulser dans la vie professionnelle, ça m’a beaucoup touché.
Je ne suis donc pas encore rentrée dans la vie professionnelle proprement dite, mais pour l’instant les aperçus que j’ai pu en avoir, comme les expos de 64 page au CBBD, ont l’air sympas.

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Tu as travaillé sur le conte Barbe Bleue. Tu peux nous expliquer ce qui t'a motivée et nous parler un peu de ce projet? La façon dont tu l'as abordé? Les recherches? Les essais?

Lison : Les contes de fées sont souvent la base de mes travaux. Ce sont des univers qui m’ont marqués enfant. Ils portent en eux beaucoup de notre société et quelque chose de fondamentalement humain et universel au point que c’est une matière inépuisable, je pense. Le conte de Barbe Bleue en particulier, est assez fascinant: imaginer qu’un univers si glauque et sombre puisse être raconté aux enfants depuis la nuit des temps !

D’ailleurs les enfants adorent les histoires gores.

Ce qui m’a intéressé en particulier dans ce conte, c’est la mise en garde sous-jacente des épouses vis-à-vis d’un potentiel mari violent. C’est un des rares contes populaires ou la violence masculine se dévoile dans toute sa réalité. Ces sujets de violence conjugale sont d’actualité à l’époque de Perrault aussi bien qu’aujourd’hui et c’est cela que j’ai voulu représenter.

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Au départ, je voulais représenter le conte de manière assez classique dans un univers moderne. Finalement je me suis arrêtée sur une image ou l’épouse réagit et tente de se défendre et de prendre le dessus sur Barbe Bleue. On peut appeler ça de l’auto-défense. Je voulais changer la fin du conte: que l’héroïne soit un des moteurs et actrice de son sauvetage. J’ai préféré laisser la fin en suspend pour que le lecteur puisse imaginer ce qui lui plait.

Comment envisages-tu la suite? Quels sont tes projets et comment les prépares-tu?

Lison : J’ai encore beaucoup d’histoires à raconter, même revenir sur certaines histoires et les retravailler, à la limite. Je travaille en ce moment sur un projet de gravure sur bois sur la thématique de la sorcière, et sur une bande-dessinée dans laquelle l’héroïne est une pirate. Il se peut que ces projets changent beaucoup de thème au cours de l’année, mais pour l’instant c’est ça !

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Pour la suite, j’espère réussir bientôt à publier un premier livre et commencer une carrière professionnelle.

  • Olivier Grenson est prof à l’ERG